L'ermite étant par définition quelqu'un de seul et isolé, c'est donc sciemment que j'utilise ce pléonasme d'"ermite solitaire" pour me désigner. L'ermite du Moyen-Age était l'homme pieux qui allait se terrer au fin fond d'une forêt impénétrable et mystérieuse pour se laver des vices humains, se rapprochant ainsi de Dieu.
Cependant, le terme a vite dérivé pour simplement signifier une personne qui vit à l'écart du monde.
Au vu de ces définitions, vous comprenez donc bien que ce n'est pas par excès de zèle religieux que je me qualifie ainsi mais bien par isolement poussé.
Sur le plan relationnel, je me sens glisser sur la pente descendante comme un bobsleigh dévalant en trombe la piste verglassée. Du fait des déceptions successives, je me renferme sur moi-même. Le poussin qui grandissait a remonté les aiguilles du temps pour se retrouver à nouveau dans la sphère close et rassurante de l'oeuf. A quoi bon faire des efforts et se donner autant pour finir répétitivement anéantie avec des traces de couteaux sur les flancs, avec des marques de gifles inéfaçables...
Je deviens égoïste et tremble d'envie de devenir antipathique: pour les cours, allez vous faire voir!! Vous n'avez qu'à y assister au lieu de sécher!! Marre d'être la bonne gentille qui rend service à tout le monde. Quand c'est à mon tour d'être dans la merde, on m'y laisse bien profond!
Je me rends compte que ne suis pas de bonne compagnie, que je ne suis pas drôle, tout ça parce que je n'ai pas les mêmes références culturelles. Je ne sors pas en soirées étudiantes, ni en discothèque. Quand je bois, c'est tranquille chez moi, pas en collectivité qui adore la bourr'attitude. Les fêtes, je n'y suis jamais invitée ou sinon c'est à Paris. Bref, pas la porte à côté et personne pour me loger. En clair, je ne rentre pas dans le moule des standards festifs en socialisation et à chaque fois que quelqu'un aborde le sujet avec moi, on me fait sentir que je suis en dehors de tout. Même pas à la marge. Simplement en dehors.
Et c'est là généralement que les gens induisent faussement que je n'ai pas de vie. Mais qui a dit qu'il n'y avait qu'une seule façon de s'épanouir et de s'amuser???!!!! Pourquoi l'avis dominant est forcément le meilleur? Il faut arrêter de penser qu'il n'y a qu'une manière de vivre, celle de se bourrer la gueule dans des soirées, et que la personne qui n'est pas comme ça est obligatoirement quelqu'un qui ne jouit pas de la vie!!
Après je m'étonne que je me sente mal de temps en temps vis-à-vis de ça! Mais s'il n'y avait pas toute cette connerie de pression sociale, je ne ressentirais pas cette gêne.
C'est ce qui explique également toutes les fois où je me sens conne car je ne me suis pas comportée de la manière attendue par la société.
Qui plus est, je suis totalement incapable de faire confiance à quelqu'un à l'heure actuelle. J'ai même peur de faire confiance, si c'est pour me retrouver avec un gros crachat au visage. Je ne crois plus en l'amitié, puisque l'Homme ne sait faire que des promesses qu'il ne tient pas et qui ne tiennent pourtant à rien de réaliser mais surtout, l'Homme ne sait dire et dépeindre que des sentiments qui n'étaient en fait qu'illusoires. Ces mots n'ont donc aucune valeur aux yeux de celui qui les a prononcés, peu importe que l'autre l'ait cru ou pas. J'ai l'impression de n'avoir vécu ces derniers temps que des illusions d'amitié qui au final ne signifient rien, ne valent rien.
Je déteste les autres. Je me déteste également moi-même mais c'est bien à cause de ce que je me vois devenir par déception à propos des autres. Mon synthol, c'est Manu. Il essaie tant bien que mal d'apaiser mes brûlures. Pour les oreilles qui sont assez gentilles pour m'écouter, je décline l'offre car j'ai trop l'impression de faire perdre leur temps et que je me plains sans arrêt. Toujours cette pression sociale qui pèse sur moi je suppose.